Véronique Brumm, directrice du musée Lalique, revient sur sa création à Wingen-sur-Moder, tout près de l’usine fondée par René Lalique en 1921. Commissaire de l’exposition « Le monde aquatique de Lalique », elle en présente les moments forts, faits d’émail, de verre et de cristal.
Le musée Lalique est un musée jeune qui a ouvert ses portes à l’été 2011. Comment se sont déroulées ces trois premières années de fonctionnement ?
Avec la création de ce musée, sur le site de l’ancienne verrerie de Hochberg, en activité de 1715 à 1868, il s’agissait bien sûr de rendre hommage au créateur d’exception que fut René Lalique (1860-1945). Considéré comme l’inventeur du bijou moderne avant de devenir un maître verrier de grand talent, il est allé avec le même succès de l’Art nouveau à l’Art déco et s’est révélé être à la fois un grand artiste et un chef d’entreprise avisé. Mais le but du projet était aussi de mettre en valeur une industrie d’art qui s’est perpétuée puisque la manufacture qu’il a créée en 1921 est toujours en activité et demeure le seul lieu de production de la marque dans le monde. Rappelons qu’au début des années 1950, sous l’impulsion de Marc Lalique, celle-ci est passée de la production de verre à celle du cristal. L’idée de ce projet, porté par l’ensemble des collectivités locales, a germé dans les années 1990 et la première pierre du musée, conçu et aménagé par l’agence Wilmotte, a été posée en 2008. Depuis son ouverture, il a accueilli un peu plus de 200000 visiteurs, un résultat qui nous paraît plutôt satisfaisant pour un musée de province situé dans une petite commune. « Le monde aquatique de Lalique » est notre troisième exposition après celle consacrée à Suzanne Lalique-Haviland et celle sur « Le verre et les grands maîtres de l’art moderne ». Nous poursuivons par ailleurs des activités de médiation avec l’organisation de conférences et d’ateliers … et souhaitons bien sûr continuer à déchiffrer et documenter l’œuvre de René Lalique.
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De quelle manière les collections ont-elles été constituées ?
Le musée présentait une particularité puisqu’il ne s’est pas formé à partir d’une collection, comme c’est généralement le cas, mais qu’il est né de la volonté de célébrer l’univers Lalique. Les premières études portaient d’ailleurs sur la réalisation d’un parcours spectacle. Sa première pièce, le pendentif Femme Libéllule ailes ouvertes, a été acquise en 2002 seulement, par la communauté de communes des Pays de la Petite Pierre. Les œuvres que nous présentons aujourd’hui appartiennent donc soit aux collections propres acquises ou provenant de dons comme ceux de la société Lalique, soit de dépôts de grands collectionneurs. L’appellation Musées de France, obtenue en 2007, nous permet de surcroît de bénéficier de dépôts de grandes institutions telles que le musée des Arts décoratifs ou celui des Arts et Métiers, à Paris. Au total, nous exposons six cent cinquante pièces et nous en avons à peu près autant en réserves.
L’œuvre de René Lalique a été multiple et prolifique, estimez-vous que le musée en offre un panorama représentatif ?
Le cœur du musée est consacré à son œuvre de verre, qui symbolise ses relations avec l’Alsace. Mais il était également important de montrer l’ensemble de ses créations. Au début de sa carrière, René Lalique voulait travailler en tant que dessinateur de bijoux et c’est par ses créations joaillières et par le travail de l’émail qu’il est arrivé au verre. Les visiteurs qui ne connaissaient qu’une facettes de son travail sont ainsi surpris par sa diversité. Ils peuvent admirer ses talents extraordinaires de dessinateur et découvrir ses broches, pendentifs, collier Art nouveau comme ses flacons de parfum, ses vases, ses services de tables et même des œuvres d’art sacré.
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La visite se prolonge avec la mise en valeur des réalisations de ses descendants – Marc, qui a dirigé l’usine de Wingen-sur-Moder, Suzanne, sa fille, une véritable artiste, Marie-Claude, sa petite-fille, dernier membre de la famille à avoir travaillé pour l’entreprise.